Campénéac – Extrait de l’Arvor du 12 février 1899

Campénéac, 8 février – Il y a à Campénéac un individu que la vue d’un prêtre ou d’une religieuse a le don de mettre hors de lui. Mais s’il hait fortement la soutane, il est loin d’éprouver pour l’auberge le même sentiment. Le bourg en possède même une où ce monsieur aime à abriter particulièrement ses loisirs, pour des motifs qui font là-bas l’objet de toutes les conversations en attendant qu’il en fasse la risée.
Là, tranquillement assis en aimable tête-à-tête, Monsieur fait de la haute politique, buvant des bocks et mangeant du curé. Assurément il se croit très malin, opinion qu’il est d’ailleurs le seul à partager.
Or voici donc qu’il y a quelques jours, ce spirituel citoyen qui cumule les titres honorifiques de grand politicien et de savant fameux, levait le coude, suivant l’usage, dans le café en question. Survient un brave paysan qui se permit d’insinuer que, sous la République, le commerce ne marchait pas alors que sous Napoléon III° on était plus heureux. Fureur de notre homme en entendant ces mots ; il se lève d’un bond et se dispose à cogner sur le pauvre laboureur.
Quelques minutes plus tard, le paysan osait encore dire que la religion était nécessaire. Cette fois son compagnon tomba épileptique ; il ne put se contenir et asséna sur la tête du cultivateur un formidable coup de poing. Ce dernier tomba à la renverse. On lui prête l’intention de poursuivre son agresseur. Nous osons espérer qu’il n’y manquera pas. Quand tous les catholiques comprendront qu’il est nécessaire de se défendre si on les attaque, l’individu en question deviendra peut-être moins fier et plus poli.

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